Circuits courts alimentaires, un levier pour le développement durable territorial ? Enjeux et propositions
Notes d'analyse, Développement durable, mai, 2010
Faire évoluer la production alimentaire mondiale dans le sens d'une lutte contre la faim, contre les inégalités, contre le changement climatique et contre les pollutions : c'est le défi sur lequel ont planché durant quatre ans pas moins de 400 scientifiques, au sein de l'International Assessment of Agricultural Knowledge, Sciences and Technology for Development (IAASTD) , un processus similaire à celui du GIEC pour le climat. Le rapport qui en a été tiré est une conclusion sans appel : l'agriculture telle qu'elle est menée actuellement, n'est pas durable.
Dénonçant les conséquences écologiques et le coût social du modèle agricole actuel, le rapport final, décliné en cinq rapports régionaux, recommande de se tourner vers le développement de l'agro-écologie, de l'agriculture paysanne ou encore l'utilisation des connaissances locales. Autrement dit, non pas une augmentation massive des rendements, mais une meilleure répartition des productions et des flux de denrées, une agriculture moins dépendante des combustibles fossiles, s'appuyant sur la production familiale et les ressources naturelles locales.
Dans cette construction, les circuits courts alimentaires ont une place de choix, en misant sur la proximité géographique et relationnelle entre producteurs et consommateurs. Qu'on ne se méprenne pas : en donnant la priorité à des productions locales, on ne cherche évidemment pas à abolir tout commerce extérieur, ni à empêcher l'accès des habitants du Nord aux produits exotiques, ni encore à éliminer toute forme de projets d'échanges Nord/Sud. Le but n'est pas non plus ici de stigmatiser les filières comptant plus d'un intermédiaire...Circuits « courts » (un intermédiaire maximum entre le producteur et le consommateur) et circuits « longs » ne s'opposent pas par nature ; si opposition il y a, elle se trouve bien plus entre circuits territorialisés (qui peuvent être courts ou longs) et circuits globalisés. La diversité est un atout, tant qu'elle valorise le triangle produits/populations/territoires.
Quels sont alors ces circuits courts, quel est leur contexte d'émergence, quels en sont les enjeux, atouts, fragilités et perspectives ?