Alors que la Commission européenne consulte cette semaine (Mars 2025) les parties prenantes pour élaborer sa Stratégie de résilience de l’eau, la question de la pollution reste trop peu mise en avant. Trois tables rondes se tiennent à Bruxelles autour des liens entre eau, agriculture, industrie et finance, mais sans engagement clair sur la réduction des pollutions agricoles, industrielles ou urbaines. À l’approche du vote du Parlement européen en mai sur un rapport d’initiative, il est urgent que la future stratégie s’attarde sur les causes de la dégradation de nos ressources en eau.
Une pollution persistante, une action trop timide
Les chiffres sont inquiétants : seuls 37 % des cours d’eau européens atteignent un bon état écologique, et moins de 30 % un bon état chimique. La pollution d’origine agricole (nitrates, pesticides), les rejets industriels, les eaux usées non traitées ou mal raccordées affectent massivement les écosystèmes aquatiques.
Pourtant, les directives existantes sont insuffisamment appliquées, faute de volonté politique ou de sanctions. La Commission met en avant l’innovation, la digitalisation ou les solutions fondées sur la nature, mais la question centrale reste éludée : comment enrayer durablement la pollution des eaux ?
Des choix politiques à clarifier
Si la stratégie vise réellement la résilience, elle doit s’attaquer aux pollutions à la source et poser des règles claires. Cela implique :
- d’imposer des objectifs contraignants de réduction des polluants,
- de conditionner les fonds européens à des pratiques durables (notamment dans la PAC),
- de renforcer la mise en œuvre des législations existantes,
- et de soutenir les territoires dans l’assainissement et la modernisation des réseaux.
La résilience de l’eau ne se décrète pas : elle exige des décisions cohérentes, alignées avec les objectifs de protection de l’environnement et de l’intérêt général. Dans un contexte où plusieurs piliers du Green Deal européen sont affaiblis ou remis en question, cette stratégie sera un révélateur de la volonté réelle de l’Union d’assumer une transition écologique ambitieuse et crédible.
