Coquilles d’huîtres, filets usagés : ces déchets de l’industrie maritime deviennent des matériaux de construction et de design. En France comme en Espagne, des projets innovants, soutenus par l’Union européenne, transforment ces déchets en ressources locales.
Du béton aux coquilles
Dans le bassin d’Arcachon, les ostréiculteurs subissent une mortalité record : jusqu’à 90 % des huîtres meurent avant d’être récoltées. Ces pertes génèrent des tonnes de coquilles, désormais recyclées dans un béton bas-carbone mis au point par l’Université de Pau.
Ce matériau remplace sable et gravier par des coquilles broyées et réduit les émissions de CO₂ de 75 % grâce à un ciment sans clinker. Résistant, esthétique et produit localement, il est déjà utilisé pour aménager les passerelles touristiques de la dune du Pilat.
Tester en conditions extrêmes
À Socoa, dans les Pyrénées-Atlantiques, ce béton est testé sur d’anciens murs portuaires, submergés à chaque marée. Les chercheurs évaluent aussi sa capacité à servir de support à la vie marine en immergeant des blocs dans une zone intertidale. Objectif : créer demain des récifs artificiels, à la fois durables et utiles à la vie sous-marine.
Des filets transformés en mobilier
Sur la côte valencienne, l’entreprise Gravity Wave récupère les filets de pêche usagés, avec l’aide des pêcheurs de Gandía. Ces plastiques marins sont transformés en plaques robustes, ensuite découpées pour fabriquer bancs publics, bureaux ou sièges de stade.
Au-delà du recyclage, l’entreprise valorise l’esthétique marine : les produits conservent les teintes naturelles des filets, entre vert d’eau et bleu profond, et racontent une histoire liée à la mer.
L’économie circulaire à l’échelle locale : un pas, mais pas une fin en soi
Ces projets montrent le potentiel d’une économie bleue durable, qui valorise localement les déchets marins. mais ils restent encore marginalisés et dépendants de financements publics. Pour avoir un réel impact, ces initiatives doivent changer d’échelle, sans faire oublier que le recyclage ne remplace pas la réduction à la source.