Un nouveau rapport met en lumière la vulnérabilité croissante de six produits alimentaires majeurs importés par l’UE : cacao, café, blé, maïs, riz et soja. Pilier de l’agroalimentaire européen, cette chaîne d’approvisionnement globale est aujourd’hui fragilisée par les effets conjugués du changement climatique et de la perte de biodiversité.
Des chaînes d’approvisionnement sous tension
Selon une étude du cabinet britannique Foresight Transitions, commandée par la Fondation européenne pour le climat, plus de la moitié des importations de ces produits proviennent de pays fortement exposés aux risques climatiques et disposant de peu de moyens pour y faire face. Pour le cacao, le maïs et le blé, les deux tiers des importations viennent aussi de régions où la biodiversité est jugée dégradée.
Le cacao cristallise ces vulnérabilités. Près de 97 % du cacao consommé en Europe provient de pays mal classés selon l’indice mondial d’adaptation au climat de l’université Notre Dame. Côte d’Ivoire, Ghana, Cameroun ou encore Nigeria subissent des impacts croisés liés à la hausse des températures, à la modification des régimes de précipitations et à la perte de biodiversité.
L’industrie du chocolat en première ligne
Avec une valeur de 44 milliards d’euros, l’industrie chocolatière européenne est la plus menacée. Les rendements baissent, les maladies des cultures se multiplient, et la volatilité des prix augmente. Le prix du cacao a bondi de 41 % en un an, entraînant une hausse de 43 % du prix du chocolat en trois ans – un phénomène désormais qualifié de “chocflation”.
Ces évolutions s’expliquent aussi par l’augmentation du prix d’autres intrants comme le sucre, également affecté par le climat. La dépendance aux importations expose ainsi l’ensemble de la chaîne agroalimentaire européenne.
Un défi global qui appelle des réponses structurelles
Les auteurs du rapport soulignent que la relocalisation de la production ne peut être qu’un complément. L’UE fait face à ses propres défis climatiques : inondations, sécheresses, canicules, ce qui limitent ses capacités agricoles. L’investissement dans la résilience des pays fournisseurs est donc stratégique, tant pour la sécurité alimentaire que pour la stabilité économique.
Des recommandations concrètes sont proposées : soutien accru aux petits producteurs, infrastructures commerciales durables, et surtout, renforcement des politiques d’atténuation climatique. Pour les experts, il s’agit d’un enjeu de sécurité globale.