Black Friday : une frénésie de consommation qui pèse sur la planète

Chaque année, le Black Friday attire des millions de consommateur·ice·s, promettant des réductions spectaculaires. Mais derrière cette effervescence commerciale se cache un coût écologique et social colossal. En France comme en Belgique, l’empreinte carbone de cette journée de soldes dépasse largement ce que l’on pourrait imaginer, indiquant qu’il est plus que temps de repenser nos habitudes de consommation.

 Une participation massive malgré les coûts

En France, plus de sept Français·e·s sur dix (72 %) prévoient de participer au Black Friday, révèle une étude du cabinet Boston Consulting Group publiée le 13 novembre. En Belgique, l’impact climatique de cette semaine de soldes est également alarmant : selon la scale-up ClimateTech Tapio, le Black Friday 2024 a généré environ 80 000 tonnes de CO₂, soit l’équivalent des émissions annuelles de 5 000 Belges. Cette frénésie de consommation laisse une empreinte écologique majeure, bien au-delà du plaisir d’une bonne affaire.

Un secteur textile particulièrement lourd pour l’environnement

Le Black Friday touche surtout des secteurs dont le coût environnemental est très élevé, à commencer par le textile. Ce dernier représente près de 10 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, autant que le transport aérien. La culture du coton, par exemple, nécessite d’importants produits chimiques qui polluent sols et eaux. La fabrication des vêtements, notamment la teinture des tissus, consomme également beaucoup d’énergie et d’eau. Selon Youlie Yamamoto, porte-parole de l’ONG Attac France, l’industrie textile prélève chaque année 4 % de l’eau potable mondiale, et la période du Black Friday accentue la pression sur les zones déjà les plus sèches.

Le gaspillage : une conséquence sous-estimée

Le Black Friday n’entraîne pas seulement une surconsommation, il génère aussi un gaspillage massif. En Allemagne, une étude de Greenpeace de 2018 révélait qu’environ un quart des colis expédiés pendant cette période sont renvoyés par les consommateur·ice·s. Cette logique de consommation impulsive questionne nos motivations d’achat. D’autant que, comme le souligne Grégory Caret, directeur de l’observatoire de la consommation de l’UFC-Que Choisir, le Black Friday n’est même pas une véritable période de soldes : c’est une animation commerciale qui donne l’illusion de remises attractives. Par exemple, cette année, un casque audio vendu à 259 euros sur Amazon pendant le Black Friday valait exactement le même prix en juillet.

Face à ces constats, il devient urgent de repenser nos modes de consommation et de privilégier des alternatives plus durables. Des initiatives locales montrent qu’il est possible d’agir concrètement.

Le Green Friday à Louvain-la-Neuve : sensibiliser autrement

À Louvain-la-Neuve, une vingtaine de commerçant·e·s indépendant·e·s ont choisi de ne pas brader leurs produits le Black Friday. À la place, ils offrent des pommes bio et locales à leurs client·es. L’objectif n’est pas seulement économique, car beaucoup de petites boutiques ne peuvent pas se permettre des réductions massives, mais aussi pédagogique : sensibiliser la population à une consommation responsable. Comme le témoigne Géraldine Michaux, gérante d’un magasin pour le monde de la naissance : « Nos client·e·s nous soutiennent et nous disent qu’on a bien raison. Ils/Elles préfèrent les commerces de proximité aux grandes enseignes, et sont vraiment réceptif·ve·s à cette opération. »

Le Green Friday en Belgique : reprendre le pouvoir sur sa consommation

La fédération Ressources organise également le Green Friday à l’échelle nationale avec sa campagne « La vérité des prix barrés ». Elle rappelle que derrière les promotions artificielles se cachent souvent des coûts humains, sociaux et environnementaux supportés par d’autres. Cette initiative invite chacun·e à consommer autrement, en soutenant des pratiques plus durables : réparer plutôt que jeter, acheter d’occasion ou reconditionné, soutenir les marques responsables et donner de la valeur aux objets existants.

Consommer autrement, pour le bien de la planète

Il est crucial de distinguer entre ce dont nous avons réellement besoin et ces achats impulsifs qui offrent un plaisir éphémère mais lourd de conséquences pour la planète. En adoptant une consommation plus réfléchie, en privilégiant la réparation, le réemploi et les acteurs locaux, nous pouvons réduire notre impact écologique tout en construisant un monde plus juste et durable. Le Black Friday pourrait ainsi devenir un moment de prise de conscience plutôt qu’un simple déferlement d’achats compulsifs.

Inscription à notre newsletter