Insertion des ex-détenus : les évolutions dans le système pénitentiaire roumain - retour sur le séminaire de Brasov
Depuis 2011, PLS travaille, en partenariat avec le Centre Roumain pour l’Education et le Développement (CRED), au développement de mécanismes et stratégies d’aide à l’insertion socioprofessionnelle des délinquants en Roumanie. Dans le cadre de deux projets financés par le Fonds Social Européen -L’économie sociale : un nouveau défi pour l’insertion des prisonniers sur le marché du travail et Transition vers la liberté - PLS a eu l’opportunité de travailler avec des professionnels des systèmes de détention et de liberté conditionnelle en Roumanie dans le but de développer leurs connaissances et capacités à travailler pour l’insertion socioprofessionnelle de jeunes et adultes délinquants.
PLS a créé et mobilisé un réseau d’acteurs travaillant dans le domaine de l’insertion socioprofessionnelle et organisé des visites d’études en Angleterre, en Espace, au Portugal et en Suède. À l’occasion de ces rencontres, les professionnels roumains ont été exposés à différents modèles, philosophies, approches et principes de travail. Accompagnés par PLS et les partenaires locaux - Catch 22 en Angleterre, Skydsvarnet en Suède et Transit Proyectes en Espagne - les professionnels roumains ont réfléchi et analysé leur propre modèle de travail.
Le séminaire « Analyse comparée des différents systèmes pénitentiaires et d’inclusion socioprofessionnelle en Europe et en Roumanie » organisé par le CRED en partenariat avec PLS la semaine dernière, du 26 au 28 février à Brasov (Roumanie), a par ailleurs permis aux professionnels roumains de continuer leur apprentissage commencé pendant les semaines de visites et d’appliquer à leur système quelques-unes des expériences acquises. Dans l’une des sessions organisées pendant le séminaire et animée par l’une des membres de PLS, les représentants officiels des systèmes de détention et de liberté conditionnelle roumains ont mis en avant les importantes améliorations qu’ils souhaitaient mettre en place dans leurs prisons en vue d’augmenter les chances de réinsertion des délinquants. Nous ne présenterons ici que quelques-uns des changements que les représentants du système pénitentiaire ont entrepris, attestant d’un changement de mentalité et de philosophie dans leurs méthodes de travail.
Ils souhaiteraient mieux exploiter le régime de libération conditionnelle précisé dans la loi et assurer une transition plus douce entre la détention et la remise en liberté. Ils ont été impressionnés par les résultats accomplis en Suède et dans d’autres systèmes européens où, durant les derniers mois d’exécution de la peine, les délinquants vivent en centre d’hébergement et de réinsertion sociale, cherchent un emploi et tentent de se réadapter à une vie où ils sont les seuls responsables de leurs choix. La mesure contraste fortement avec les règles et la philosophie du système pénitentiaire roumain qui a, en son cœur, une surveillance très stricte des délinquants. Ceux-ci sont constamment accompagnés par un membre de la sécurité, ils ne sont jamais en charge de décider de leur emploi du temps mais suivent un emploi du temps imposé par le personnel pénitentiaire. Étant exposé à différents types de systèmes et d’approches, les professionnels roumains ont compris que les délinquants ne deviendraient jamais des adultes responsables, capables de conduire leur vie de manière indépendante à moins qu’ils ne s’exercent pendant leur période de détention ; c’est ainsi qu’un individu devient finalement responsable et indépendant quand arrive le moment de faire ses propres choix. Dans le but de donner aux délinquants cette possibilité et pour renforcer leurs capacités à être indépendant, la plupart des directeurs de prisons qui ont assisté au séminaire ont pris la décision de créer dans leur établissement, des lieux où les délinquants qui avaient fait preuve d’un bon comportement pourraient profiter d’une plus grande liberté (toujours dans les murs de la prison) et gérer leur emploi du temps de la journée (cuisine, entretien, participation à des programmes d’éducation ou de travail).
Une autre décision importante a été de stimuler et d’encourager les délinquants à participer activement dans la conception de leur propre plan d’insertion socioprofessionnelle et non plus simplement de consentir à une proposition de l’équipe d’experts. Cette décision est en accord avec l’évolution susmentionnée et atteste de l’ouverture sincère à l’idée qu’un des principes les plus importants de l’insertion socioprofessionnelle est d’inciter les délinquants à participer à leur propre programme de réinsertion plutôt que de suivre strictement des plans établis par les experts.
PLS continuera son travail dans ce domaine en Roumanie, en étroite collaboration avec le CRED et en développant de nouveaux projets d’assistance ajustés aux besoins des professionnels du système pénitentiaire.
Contacts : magda.tancau AT pourlasolidarite.eu - evelyne.bidault AT pourlasolidarite.eu