Cette petite commune de montagne s’est lancée dès les années 2000 dans une politique zéro déchet rigoureuse. Un modèle inspirant, mais aux limites bien réelles.
Une ville pionnière, portée par ses habitant·es
Depuis 2003, Kamikatsu, située sur l’île de Shikoku au Japon, s’est fixée un objectif radical : éliminer complètement l’usage de l’incinération et de la mise en décharge. Pour y parvenir, la commune a instauré 45 catégories de tri et demandé à ses habitant·es de venir déposer eux-mêmes leurs déchets, soigneusement nettoyés et séparés.
Ce système exigeant repose sur l’éducation, l’accompagnement des citoyen·nes et une prise de conscience collective : trier soi-même permet de mesurer l’ampleur des déchets générés au quotidien. La déchetterie est devenue un lieu de rencontre, avec un dépôt-vente, un atelier de récupération textile et, bientôt, un café. En parallèle, la Zero Waste Academy accompagne les commerces vers des pratiques plus responsables.
Un modèle local inspirant, mais contraint par le système global
Malgré ses efforts et un taux de recyclage impressionnant (81 % en 2016), Kamikatsu n’a pas pu atteindre l’objectif du zéro déchet complet. Certains matériaux restent non recyclables, et les déchets industriels échappent à la compétence des communes. Sans l’implication des producteurs et des autorités nationales, le modèle atteint ses limites.
D’autant que la majorité des municipalités japonaises continuent à miser sur l’incinération, dans laquelle elles ont investi massivement. Kamikatsu montre qu’une alternative existe, mais elle ne pourra se généraliser sans un changement de cap global sur la gestion des déchets et les modes de production. Un défi de taille, à l’échelle du pays… comme du monde.