En amont de la COP30, le 18 septembre, les ministres de l’Environnement des Vingt-Sept ont adopté une déclaration d’intention visant une réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) entre −66,25 % et −72,5 % d’ici 2035 par rapport à 1990. Une fourchette que beaucoup jugent trop large, trop faible et trop tardive, alors même que les conséquences du dérèglement climatique frappent déjà l’Europe de plein fouet.
Une déclaration d’intention aux allures de compromis minimal
Lors du Conseil environnement de Bruxelles, les États membres ont validé une fourchette de réduction des émissions comprise entre −66,25 % et −72,5 % d’ici 2035. Cette déclaration, qui doit contribuer aux NDCs (contributions déterminées au niveau national) que chaque pays partagera à la COP30, se voulait une étape structurante dans la préparation du nouvel effort climatique européen.
Mais derrière ce texte se cache avant tout un compromis politique, loin des ambitions initiales portées par la présidence tournante danoise de l’Union. Celle-ci proposait en effet de reprendre la cible de −90 % d’ici 2040, formulée par la Commission en juillet dernier, une trajectoire beaucoup plus cohérente avec les scénarios permettant de respecter l’Accord de Paris.
Une ambition jugée insuffisante, voire contre-productive
Les réactions n’ont pas tardé. Un diplomate européen, cité par Le Monde, déplore une fourchette « très large » qui « dilue l’ambition » européenne. Et pour cause : une telle orientation ne permet même pas de rester sur la trajectoire nécessaire pour limiter le réchauffement à +1,5°C.
Le message envoyé à la communauté internationale est donc loin d’être clair : si l’UE se présente traditionnellement comme un leader climatique, elle peine aujourd’hui à s’accorder sur une vision unifiée, ambitieuse et crédible de la transition écologique.
Des fractures internes révélatrices d’un contexte géopolitique tendu
Ce recul s’explique largement par des fractures internes : certains États prônent une transition rapide, tandis que d’autres redoutent ses effets économiques ou sociaux. Mais le contexte international pèse également lourd : face au protectionnisme agressif des États-Unis de Donald Trump et à la domination chinoise dans les technologies propres, l’Europe hésite, freine, et renvoie l’image d’un continent en perte de leadership climatique.
Une incohérence coupable face à l’urgence climatique
Pourtant, l’urgence est sans équivoque. Les effets du dérèglement climatique sont déjà dévastateurs en Europe :
- 24 400 morts cet été à cause des vagues de chaleur,
- plus d’un million d’hectares partis en fumée depuis le début de l’année,
- des émissions de carbone records, les plus élevées depuis 23 ans.
Et ailleurs dans le monde, les impacts sont bien plus dramatiques. Cette situation est d’autant plus alarmante que les États européens comptent parmi les plus grands émetteurs historiques et portent donc une responsabilité majeure dans la crise actuelle.
À la veille de la COP30, l’UE doit retrouver sa cohérence climatique
La déclaration adoptée le 18 septembre ne suffira pas. Alors que la COP30 est engagée depuis deux semaines, cette position européenne laisse planer un sérieux doute sur sa capacité à peser véritablement dans les négociations climatiques.
Pour rester crédible, l’UE devra non seulement renforcer rapidement son ambition, mais surtout dépasser les divisions internes qui paralysent sa capacité à agir. Car le climat, lui, ne négocie pas, et les citoyens en paient déjà le prix.
Après une COP30 en demi-teinte, l’UE doit retrouver sa cohérence climatique
La déclaration adoptée le 18 septembre n’aura manifestement pas suffi. Alors que la COP30 vient de s’achever, elle laisse derrière elle des résultats peu ambitieux, et une Europe qui n’a pas su peser pour relever le niveau collectif d’engagement climatique.
Pour regagner en crédibilité, l’UE devra désormais dépasser les divisions internes qui paralysent son action et assumer un leadership climatique à la hauteur de sa responsabilité historique. Car le climat, lui, ne négocie pas, et les citoyens en paient déjà le prix.