Belgique : un plan énergie-climat trop timide face à l’urgence

Le 6 octobre dernier, la Belgique a adopté son Plan national énergie-climat (PNEC), censé aligner le pays sur les objectifs européens de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Ce plan a été accueilli avec scepticisme : en retard d’un an, marqué par des divergences régionales et des ambitions largement en-deçà des attentes de l’Union européenne. La question de la crédibilité écologique de la Belgique se pose plus que jamais.

Un plan adopté sous pression européenne

Le PNEC belge devait initialement être remis à la Commission européenne bien plus tôt. Après que la version de juin 2024 a été jugée insuffisante, Bruxelles a engagé une procédure d’infraction contre le pays et menacé de saisir la Cour de justice de l’Union européenne si un nouveau plan n’était pas proposé. Ce retard d’un an traduit les difficultés de coordination en Belgique, où la politique climatique est éclatée entre le fédéral et les entités régionales.

L’adoption du plan du 6 octobre est donc avant tout le fruit d’un compromis politique complexe, où toutes les régions ont dû trouver un terrain d’entente pour éviter la sanction européenne.

Des objectifs trop faibles pour respecter l’Union européenne

Sur le fond, le plan belge laisse de sérieuses lacunes. La réduction des émissions de gaz à effet de serre y est fixée à seulement 42,5 % d’ici 2030, alors que l’Union européenne exige un minimum de 47 % pour chaque État membre. Ce décalage, qui pourrait paraître mineur, reflète en réalité un manque d’ambition préoccupant à l’heure où les conséquences climatiques deviennent visibles et immédiates.

Le plan présente en outre une disparité régionale notable : la Flandre ne s’engage qu’à 40 % de réduction, tandis que la Wallonie et Bruxelles visent 47 %. Cette fragmentation pose des questions sur l’effectivité réelle du dispositif et sur sa mise en œuvre pratique. Comment un pays peut-il atteindre les objectifs européens si une partie de son territoire s’en écarte ? Cette situation pourrait bien être jugée insuffisante par la Commission, ouvrant la voie à de nouvelles procédures d’infraction.

Une répartition financière encadrée mais insuffisante

Un accord a été trouvé sur l’allocation des 1,659 milliard d’euros provenant du Fonds social pour le climat, destiné à soutenir la transition énergétique. Cette somme, bien qu’importante, reste marginale au regard de l’ampleur des efforts nécessaires pour moderniser le système énergétique belge et réduire durablement les émissions de gaz à effet de serre. La question se pose donc : ces fonds seront-ils utilisés efficacement et rapidement pour atteindre les objectifs climatiques, ou serviront-ils surtout à des mesures cosmétiques pour calmer la Commission ?

Le contexte politique et international explique mais n’excuse pas

La faiblesse du PNEC peut être comprise à la lumière du contexte actuel. La protection de l’environnement n’est plus une priorité politique évidente : le désengagement des États-Unis, la guerre en Ukraine, et la montée des forces climatosceptiques en Europe pèsent sur l’agenda des décideurs. Cependant, ces explications ne suffisent pas à justifier un plan qui pourrait entraîner des sanctions européennes et compromettre la crédibilité écologique de la Belgique. Le climat ne connaît pas de frontières et la lenteur ou l’inaction nationale ont des conséquences globales.

Un avertissement clair pour la Belgique et l’Europe

L’adoption du PNEC belge illustre une réalité préoccupante : même au cœur de l’Europe, la lutte contre le changement climatique peine à rester une priorité. Si la Belgique persiste dans une ambition insuffisante, le pays risque non seulement des sanctions financières et juridiques, mais aussi de retarder sa contribution à un enjeu global, universel et urgent. L’alerte est donc double : il s’agit d’une urgence écologique et d’un impératif politique. L’heure est à un engagement réel et mesurable, à tous les niveaux du gouvernement, pour que la Belgique ne reste pas à la traîne dans la course européenne vers la neutralité carbone.

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